« Il y a eu trois phases distinctes dans le traitement médiatique
des Algériens.
La première entrée télévisuelle pour parler de l’Algérie et des
Algériens dans les années 1950 et 1960 est la guerre d’Algérie.
Le premier contact des téléspectateurs français est lié à la manière
dont l’immigration algérienne vit et subit la guerre d’Algérie.
Dans un second temps, quand l’indépendance est acquise, il existe
d’autres types d’archives audiovisuelles que les actualités ; ce
sont les reportages. Différents magazines d’actualité à partir de
1962-1963 s’attachent totalement, précisément ou incidemment
à la question de l’immigration. Le traitement de cette question
est très souvent perçu comme une investigation pour ne pas dire
une plongée dans un monde que la société française considère
comme étant particulièrement étranger et lointain, même si on
évoque des populations qui sont au cœur de Paris ou pas très loin
de la zone centrale de la capitale ou des grandes villes françaises.
Cela se fait souvent sous le mode d’une découverte extrême, dans
les magazines d’informations, notamment le fameux magazine
“5 colonnes à la Une” a régulièrement évoqué les conditions de
vie des populations migrantes notamment des Algériens à travers
les bidonvilles et le travail. Il y a là des images documentaires,
de l’actualité de type magazine.
Troisième type d’émission : les débats, en direct, sur la question de
l’immigration, bien souvent sans la présence des immigrés, sans
leur parole mais sur les immigrés. Les émissions de débats du type
“Les Dossiers de l’écran”, les émissions d’information où les hommes
politiques viennent parler de l’immigration apparaissent au début
des années 1970.
Ces différents types d’archives mettent en évidence un traitement
de l’immigration sur le mode de l’incertitude, du malaise, parfois
même de l’incompréhension. Les archives de la télévision le montrent
avec beaucoup de netteté. »