Les luttes sociales

Extraits du débat autour de la projection de « Les ambassadeurs » (1975)
de Naceur Ktari et de la table ronde sur les mouvements des immigrés à la
Goutte d’Or et les mouvements des sans-papiers animée par Daniel Richter,
à la Salle Saint-Bruno.

Les années 1970 : la Goutte d’Or devient un
quartier symbolique des luttes sociales et
des droits des travailleurs sans papiers…

Michel Neyreneuf : « Il y a eu dans ce quartier, depuis les années
1970 et même avant, différents mouvements qui se sont rencontrés
à un moment donné ou qui ne se sont pas rencontrés. Il y a eu
des allers-retours entre les uns et les autres, ça a été aussi souvent
en parallèle. Et puis il y a eu quelques rencontres, qui ont construit
une histoire et qui ont alimenté plein de petits ruisseaux. »

Hédi Chenchabi : « Le début des années 1970 a été marqué par pas
mal d’assassinats racistes, comme celui de Djilali. Quand cet événement
est arrivé à la Goutte d’Or, il a rappelé d’autres événements :
les événements de la guerre d’Algérie. Le quartier était quadrillé.
La présence des CRS était permanente.
Les rafles étaient pratiquées systématiquement car il fallait vraiment
faire peur à la population. Il y a eu l’émergence dans ces
années-là de trois mouvements importants : à la fois le mouvement chrétien qui a joué un rôle important pour relayer les appels à une
mobilisation pour la lutte contre le racisme, il y a eu l’émergence
d’autres mouvements, notamment le Mouvement des travailleurs
arabes, et des mouvements d’extrême gauche autour d’un certain
nombre de collectifs qui, suite à ce crime-là, vont se mobiliser.
Ils vont donner un écho beaucoup plus large que la Goutte d’Or à
cette histoire de lutte contre les crimes racistes, qui vont se multiplier
un peu partout en France… ».

27 octobre 1971 : assassinat de Djilali Ben Ali, jeune Algérien de 15 ans, dans le quartier de la Goutte d’Or à Paris par le concubin de la
concierge de l’immeuble où il habitait. Crime raciste que Naceur Ktari choisit
de traiter dans son film « Les Ambassadeurs » (1975). En présence de
témoins de l’époque comme Simone Viguier, militante du quartier très
émue qui raconte : « Nous sommes arrivées [avec Micheline] dans
le quartier en 1969, l’assassinat de Djilali s’est passé en 1971.
A cette époque-là, je travaillais pas mal avec les mamans qui nous
confiaient les enfants au catéchisme.

A l’assassinat de Djilali, on a vu quand même le peuple se lever.
Et nous avons eu la chance d’avoir les grands intellectuels, Mauriac,
Foucault, Jean-Paul Sartre venir dans le quartier. Il y a eu une foule qui
a participé à ce rassemblement et là nous avons laissé les intellectuels
lancer un appel au peuple. »

1972 : grève de la faim de Saïd Bouziri à la Salle
Saint-Bruno pour obtenir des papiers français

article du Parisien du 24/08/1996

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