Marie Poinsot : Marc Bernardot, vous êtes historien à l’université
du Havre, et avez travaillé sur les foyers de travailleurs migrants qui
sont une particularité de la présence africaine à Paris. Pouvez-vous
nous conceptualiser la présence de la population africaine à Paris
et dans ce quartier. Il se trouve que Marc est habitant du quartier,
j’avais envie qu’il nous apporte sa tonalité en tant qu’historien, qu’il
remette un peu les morceaux du puzzle en place.
Marc Bernardot : Il est difficile de remettre ce puzzle en place parce qu’il y a des moments d’arrivée particuliers des différentes populations et des moments où elles deviennent visibles. Les populations
sont parfois là depuis très longtemps et on s’aperçoit
de leur présence que bien après leur arrivée.
Les populations
africaines sont là depuis très longtemps elles sont sur les murs
des maisons de Nantes, sur les portes des hôtels particuliers à Aix-en-Provence.
Les Africains sont là dans le nord de Paris depuis la
démobilisation de la première guerre mondiale. Ils circulent comme
les autres populations coloniales démobilisées, dans les quartiers
populaires de Paris, à la Goutte d’Or, dans le 14ème etc.
Mais, du
point de vue des migrations plus visibles, plus structurées : on peut
dire que les populations africaines, maliennes, sénégalaises principalement
au départ sont des migrations d’hommes seuls, ouvriers
travaillant soit dans l’industrie, soit dans les services et qui s’installent
dans le courant des années 60-70.